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16 décembre 2020

Le Manque et l'espoir

 


 

Le manque est l’espoir.

Chères vieilles, chers vieux, je m’interroge en bon penseur que je prétends être, enfin jusqu’à ce que les grands de mes petits-enfants m’aient surpassé (qu’ils n’en titrent pas titre de gloire, c’était facile !).

Faut-il que j’accepte les invitations à festoyer pour venir caresser du regard les doux visages de mes petites-filles et petits-fils bien aimés. Il est vrai que Noël est une occasion rêvée pour porter notre regard sur le merveilleux que la nature nous a offert.

Oui je sais, passer de trépas aujourd’hui ou demain, après Johnny, Chirac, Giscard et bien d’autres, n’ajouterai qu’à notre gloire d’avoir résisté à une disparition précoce toujours possible mais en fin de compte, rendre l’âme aujourd’hui ou demain quelle différence cela fera-t-il dans dix ans sinon que par la seule évocation de la date elle-même rendrait compte de notre irrémédiable éloignement du temps pour finir par sombrer dans l’inévitable oubli faute de témoin ?

Mais à vrai dire, ce n’est pas ce qui me préoccupe car il me suffit de me réveiller le matin en prenant conscience que je fais toujours partie des vivants en me satisfaisant d’accueillir un jour nouveau à additionner ou soustraire selon que l’on en connaisse sa fin ou non...

Mourir du Covid, j’avoue que j’y préférerais une bonne crise cardiaque qui éviterait de faire subir à mes proches de faux instants de malheur ou de bonheur selon ce que les uns et les autres pourraient percevoir de ma vie en la saluant de ses expressions inénarrables tels que « Enfin ! » ou « Si jeune ! » ; quoique le seconde puisse devenir paradoxale à force d’accumuler les années !

En réalité, ce qui me vient surtout à l’esprit dans cette fin d’année éminemment dangereuse est ce qui pourrait advenir si par pur hasard, sans même se douter, l’un de mes petits-enfants devait être porteur ou transporteur à corps défendant de cet infâme et monstrueuse engeance qui même dans un contexte fortement sécurisé profiterait d’une imperceptible faille circonstancielle pour venir se réchauffer au sein d’un corps que les âges n’auront de toute façon pas épargnés.

Mourir aujourd’hui ou demain disais-je…

Oui, mais si l’un d’entre-ceux qui survivrait devait ultérieurement apprendre qu’il portait le virus à cette époque de l’année, ne serait-il pas alors comme l’amant perdu qui calculerait l’âge de l’enfant né dans les neuf mois d’un dernier ébat ?

Eviter que naisse une si grande supposée culpabilité dans l’esprit de l’un d’entre mes amours vaut bien que l’on prenne le risque de devoir partir sans avoir eu l’occasion de les presser une dernière fois contre soi.

Et puis, pour retrouver l’espoir n’est-il pas nécessaire de manquer ?

Bons Noël et Fin d’année !

Jean Pierre Bouvier le 16/12/2020

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