Rechercher dans ce blog

15 avril 2014

Le petit flocon de neige


Petite histoire offerte à tous les enfants du monde…

Pensez à aider l'UNICEF!

Il y a huit ans, cette petite histoire était dédiée à Tom, Antoine, Margot, Titouan et à une petite fille déjà grande qui ne l'a jamais su, quelque part, du côté de Grenoble…
 Et depuis, deux autres charmantes et charmeuses, Liv et Swann.

C'était un matin en Savoie où j'imaginais avoir vécu enfant, il y a bien longtemps de cela...

Je me trouvais dans les montagnes de Savoie en janvier et je commençais à avoir peur de ne pas pouvoir retrouver mon chemin de retour.

Je n’avais pas obéi aux consignes que me prodiguaient mes parents. Je m’étais éloigné sans leur permission du lieu où nous campions pendant qu’ils étaient occupés à préparer le déjeuner.

J’étais parti presque sans faire attention en poursuivant d’un regard émerveillé les choses mouvantes qu’habituellement la nature cache aux adultes humains, mais laisse entrevoir à leurs enfants.

Le temps avait passé et le ciel bleu s’était transformé en un plafond d’un gris uniforme qui laissait présager que la neige ne tarderait pas à tomber.

Quoique chaudement habillé, le froid commençait à m’envahir alors que mon inquiétude grandissait.

Soudain la neige commença à s’égailler autour de moi. Je levais la tête pour mieux la voir se précipiter à ma rencontre lorsque je sentis comme une chatouille à l’extrémité de mon nez.

Instinctivement, je levais ma main et tendais mon doigt pour ôter l’objet de ma gène, mais à cet instant j’entendis une petite voix qui criait : « Non arrête ! Tu vas m’écraser ! »

Surpris, je m’immobilisais cherchant à apercevoir le crieur au timbre si fragile qu’un souffle de trop semblait pouvoir l’anéantir.

La petite voix repris de plus belle son alarme de sa voix stridente : « Je suis là ! Je suis là ! Regardes au bout de ton nez ! »

Mes parents me disaient toujours « Mais regardes sous ton nez » lorsque je m‘évertuais à chercher ailleurs ce qui était à porté de main mais jamais ils ne m’avaient dit de regarder au bout de mon nez !
Ce n’est d’ailleurs pas très facile !

Je fermais la paupière de l’œil qui le fait facilement seul et louchais de l’autre en grimaçant pour examiner le profil de mon appendice nasal.

Ce que je vis alors, me stupéfia ! Là, me regardant droit dans les yeux, un petit flocon de neige en forme d’étoile à cinq branches semblait exécuter la danse de Saint-guy.

Etonné, je lui demandais ce qu’il faisait là, à gesticuler de la sorte.

« Ton nez est trop chaud. Mes pieds sont brûlants et si tu ne fais rien, je vais fondre en larmes de douleur ! » Me répondit le petit flocon qui continuait inlassablement à sauter d’un pied sur l’autre.

 Je m’apprêtais à poser mon doigt à l'endroit où il se débattait dans la marre qui se formait sous lui pour en tâter la température et c’est alors que j’entendis un cri de colère et de désespoir mêlés me crier « Non !… »

« Ah oui, c’est vrai ! Un petit flocon est très fragile. Il faut vraiment que je le mette à l’abri » pensais-je.
J’avisais un glaçon qui s’était formé sur la ramille d’un arbre. Je coupais la petite branche et raclais doucement la surface de mon nez.

Le petit flocon sauta et se déposa sur la surface glacée qui lui sauvait la vie.

Il était devenu complètement invisible et je cherchais désespérément à distinguer son blanc vêtu de la pâleur de son environnement glacé.

Il me guida en faisant entendre sa petite voix devenue douce de reconnaissance et je ne tardais pas à percevoir sa gestuelle qui voulait dire « Je suis là ! Je suis là ! » .

Réchauffé par cette découverte inattendue que la nature pouvait offrir de si gentil compagnon, je devisais à longueur de temps alors qu’attentif, le petit flocon s’était immobilisé de peur de s’échauffer de trop et de disparaître dans l’océan de ses semblables.

La journée passait et le froid commençait par engourdir ma langue de sorte que le petit flocon perçut dans mes yeux fatigués, un début de lassitude.

« J’ai froid et la nuit commence à tomber » lui confiais-je. « J’ai peur ! » ajoutais-je encore…
Alors, le petit flocon s’agita et d’une voix plus forte que jamais, il en appela à ses frères restés là-haut dans les nuages.

La neige se mis à tomber très fort et l’on voyait des milliers et des milliers de petits flocons se tenir les uns aux autres par leurs branches étoilées qui faisaient office de mains.

Peu de temps après, je me trouvais enfermé dans une sorte de maison en forme d’igloo. Ma respiration à elle seule réchauffait son atmosphère et me tenait au chaud.

Le petit flocon me regarda. Ses yeux me semblaient un peu tristes mais son sourire me rassura. Il se blottit contre ma poitrine et se transforma en une larme de bonheur qui entra dans mon cœur.

C’est alors que je m’endormis.

Le lendemain matin, l’igloo avait disparu, le soleil était revenu et dans mon cœur un petit bonheur semblait s’agiter pour me guider sur le chemin du retour à la rencontre de mes parents…

Je me réveillais et de mon rêve je crois, je garderais à jamais au plus profond de mes souvenirs, l’histoire du petit flocon de neige.



Jean Pierre BOUVIER, janvier 2008. Editions de janvier 2009 et avril 2014
Esquisses de Stéphanie BREYTON. décembre 2008
Comme le temps passe !  Janvier 2020.